Toute l'actualité des jeux pour Mac !
78
Technique
85
Design
83
Interet
  • Tropico
  • éditeur : MacSoft
  • distributeur : Feral Interactive
  • type de jeu : Gestion
  • configuration : G3 300 Mhz, 192 Mo de RAM, MacOS 8.6 (compatible MacOS X, mais rame beaucoup), 900 Mo de disque dur
  • version de test : Version Française
  • les +/- :
    + Pouvoir maltraiter une population entière :-)
    + nombreuses stratégies possibles
    + graphiquement réussi
    + les challenges sont vraiment intéressants
    - traduction française moyenne – gourmand en espace disque (et aussi en mémoire si on veut jouer tranquillement) – pas assez de scénarios – pénible sous MacOS X
  • fiche de screenshots : Disponible

[16/03/2004 - ]

"Monsieur Black Beruz, dit "El glandouillator", en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je vous somme de vous présenter dans deux semaines au tribunal de la Haye, Pays-Bas, pour y être jugé selon les lois internationales.
Je vous rappelle (comme je l'ai déjà fait dans les 5 précédents courriers que je vous ai déjà adressés) les principaux chefs d'accusation: élimination d'opposants, détournements de fonds, élections truquées sous le nez d'observateurs des nations Unies, non-respect des protocoles internationaux sur la pollution, ainsi que voie de faits sur la personne de l'ambassadeur des Etats-Unis.
Je dois vous prévenir que si vous ne vous exécutez pas, un mandat d'arrêt international sera déposé contre vous, et une demande d'extradition en bonne et due forme adressée au ministère des affaires étrangères de la... hehem... "République" dont vous êtes le dirigeant.
Avec mes salutations distinguées,
Carla del P., procureur."
- Pedro?

- si, señor el Presidente?

- Mettez-moi ce torchon dans la réserve de PQ et apportez-moi les rapports de ce mois sur la gestion de l'île.
- Tout dé souite, señor el Presidente!
Vous aimez le cynisme? Vous allez être servis. Dans Tropico, Vous jouez en toute simplicité le dictateur (j'insiste lourdement sur "dictateur") d'une petite île des Caraïbes, ou des Antilles, ou de n'importe lequel de ces coins où le temps est chaud, tout comme le sang des habitants. En tant que tel, vous avez la haute main sur à peu près tout ce qui concerne votre île, c'est-à-dire les constructions, les salaires, les exportations, la politique extérieure...
On prend vite plaisir à gérer ainsi une île entière (bon, pas de grande taille, mais ça fait rien), et l'ennui qui s'installe ordinairement au bout de quelques heures passées derrière ce genre de jeux tarde à venir, ce qui est très bon signe. On commence avec quelques péquenots qui iront cultiver du maïs, et puis au fur et à mesure qu'on bâtit sur notre île, la population devient de plus en plus difficile à satisfaire, perdant le respect qu'elle devrait normalement au leader maximo local, c'est-à-dire vous. En plus, ces gens osent vous réclamer des élections libres! Pour qui se prennent-ils? Bah il y a toujours la possibilité de magouiller... Voire de refuser purement et simplement la tenue d'élections. Un opposant râle? Mmmmh... prison, hérétique, ou plus simplement une balle dans la tête? Dilemme...

300 millions de Porto Ricains...

Le premier point qui impressionne lorsqu'on joue à Tropico, c'est de se rendre compte que chacun des petits personnages qui parsèment l'écran a sa propre personnalité complète. C'est-à-dire qu'il a une famille (s'agrandissant au fur et à mesure que le temps passe), une maison, un travail, des compétences dans ce même travail, des opinions politiques plus ou moins marquées, une santé, un appétit, du courage (ou pas)... Bref chacun des habitants de la petite île peut être suivi personnellement, et le dirigeant avisé arrivera même à reconnaître les trouble-fêtes susceptibles de gâcher sa petite vie tranquille. Et d'agir en conséquence...
Autre chose que Tropico a introduit: le fait que chaque action dans le jeu est le produit d'une action d'un personnage. Je veux dire par là que, par exemple, une maison ne se construira que si des ouvriers viennent creuser les fondations et monter les murs. Si le bâtiment est un peu éloigné du centre-ville, il ne sera peut-être jamais construit... Dans le même ordre d'idée, les exportations ne sont payées que lorsqu'elles sont chargées à bord d'un cargo. Là aussi, il suffit que les cargos se fassent rares pendant une certaine période et les finances nationales se retrouvent mises à mal.
Bref, on voit littéralement vivre son île comme aucun jeu de gestion ne l'a jamais montré.

Sans oublier les Porto Ricaines..

Le design du jeu est plutôt soigné, bien que "simplement" en 2D (le jeu se joue en 3D isométrique). Les graphistes de PopTop ont fait un travail admirable dans la création de chacun des bâtiments, et l'île est un régal pour les yeux. On peut en dire tout autant pour les personnages, qui profitent d'un design bien typé, parfois caricatural (ne surtout pas rater le banquier, que ne renierait pas le FMI).
Différents niveaux de zoom sont possibles, allant d'une vue représentant l'ensemble de l'île jusqu'à un niveau de détails à l'aide duquel on peut compter les gouttes de sueurs des braves andouilles qui permettent à votre compte d'une banque suisse de grossir tout tranquillement.
A noter que les options permettant de régler le niveau de détail à chaque niveau de zoom sont nombreuses, et devraient permettre à la plupart des configurations raisonnables de s'y retrouver.
A noter que personnes possédant beaucoup de RAM (genre 512 Mo) et une machine acceptable devraient pouvoir pousser le niveau de détail au maximum sans trop de soucis. Vu la taille et la résolution des images utilisées pour le jeu, j'ai l'impression que la quantité de RAM embarquée compte beaucoup plus que la puissance du processeur.

Qui ont de la technique...

... Ce qui nous amène tout naturellement à discuter technique: Ne vous y méprenez pas. si le jeu est bien en 2D à 95%, il reste cependant quelques pour cent qui sont en 3D (notamment les bateaux et avions). Et pour eux, il n'y a pas photo: c'est OpenGL recommandé. D'où une petite recommandation au passage pour les utilisateurs de MacOS 9: faites attention de ne pas allouer toute votre mémoire à ce jeu, il faut comme d'habitude laisser quelques Mo pour OpenGL.
A propos de systèmes d'exploitation, parlons-en: ceux qui ont essayé ce jeu sous MacOS X ont certainement dû avoir la même mauvaise surprise que moi: des ralentissements énervants et récurrents, généralement à la fin des mois. Autant vous prévenir tout de suite, la puissance des processeurs ne semble pas pouvoir énormément améliorer les choses... Je pense cependant comme je l'ai dit dans le paragraphe précédent qu'ajouter de la RAM peut aider les choses... Mais c'est une supposition.
Sinon... jouez sous MacOS 9. C'est visiblement l'architecture multitâches natif d'OS X qui est en cause (et n'espérez pas faire quelque chose avec Classic, vous seriez amèrement déçus).
Encore un mot sur la langue: Tropico arrive directement en 6 langues différentes, dont le français. Maintenant, soyons franc (désolé Mathias): la traduction française n'est pas terrible... c'est plein de fautes, les voix transmettent tout juste de l'entrain, bref mieux vaut y jouer en VO pour ceux qui aiment.

A muerta la revolucion

Bref, que retenir de Tropico? Tout d'abord, c'est un excellent jeu de gestion, un des meilleurs que j'aie jamais vu. Il est malheureusement desservi par divers petits problèmes techniques, surtout sous MacOS X. Néanmoins, ce jeu est définitivement à conseiller à tous les joueurs que ne rebutent pas les colonnes de chiffres. Quant à jouer les despotes... Si cela risque de choquer certains, pour ma part le fait ne me dérange absolument pas, surtout compte tenu du fait que le jeu est très édulcoré par rapport à ce qu'est une vraie dictature. Les possibilités de politique extérieure sont ainsi peu nombreuses, et les cultures possibles très... politiquement correctes.
Un dernier conseil: quand vous créez une nouvelle partie, réglez-moi la difficulté politique au max, crénom! c'est quand vous avez des rebelles plein vos forêts et qu'un cuirassé américain fait le pied de grue devant votre palais que ce jeu est le plus rigolo :-)