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Technique
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Design
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Interet
  • Hearts of Iron
  • éditeur : Virtual Programming
  • distributeur : on sait pô
  • type de jeu : Stratégie/Gestion
  • configuration : G3/G4 à 400 Mhz, 256 Mo de RAM, MacOS 9/MacOS X
  • version de test : Version Import US
  • les +/- :
    + Très riche
    + profondeur de gameplay
    + Luxembourg jouable !
    + Nombreux mods existants
    - Interface désespérante
    - Trop riche ?
    - IA moyenne
    - Difficile à prendre en main
    - Visuellement, euh... spartiate
  • fiche de screenshots : Disponible

[06/06/2004 - ]

"Aaah... Un bon jeu bien complexe comme je les aime ! Vive Virtual Programming et ses accords avec Paradox qui nous amène de quoi mettre un peu d'ambiance entre les sempiternels first-person-shooters et les jeux-d'action-tape-sur-tout-ce-qui-bouge".
Ca, ça a été ma réaction lorsque j'ai lancé la première fois Hearts of Iron. J'attendais de la complexité... Je n'ai pas été déçu, c'est le moins qu'on puisse dire. En fait, pour être franc, après quelques jours de jeu, j'aurais bien aimé avoir été déçu...

Réécrire l'histoire, en 10 leçons

Depuis quelques années, Paradox Entertainment s'est fait une spécialité de publier des jeux de stratégie très poussés. La tendance a commencé avec Europa Universalis (jamais sorti sur Mac à cause de l'incapacité d'une société que je ne nommerai pas... Quoique, allez, brûle en Enfer jusqu'à la fin des temps, Hyperion soft.), puis Europa Universalis II (porté sur Mac par Virtual Programming), et enfin leur digne suite, Hearts of Iron.
Alors que les Europa Universalis s'attardaient principalement sur les périodes du Moyen-Âge et de la Renaissance, Hearts of Iron nous propulse bien plus tard, en pleine Seconde Guerre Mondiale, décidément très à la mode ces temps-ci...

Le principe du jeu, en deux mots : vous commencez par choisir la nation que vous souhaitez représenter (tout comme dans Europa Universalis d'ailleurs): le choix est vaste, puisque toutes les nations sont présentes ! Eh oui, amis luxembourgeois, vous pourrez enfin faire accéder votre fier pays à cette domination mondiale qu'il mérite tant (ça risque cependant d'être délicat, autant que vous soyez avertis de suite...). Bien entendu, l'accent a été mis sur la dizaine de pays qui ont eu le gros rôle pendant la guerre.
Après avoir choisi votre nation, vous vous retrouvez face à une carte du monde, avec chaque pays divisés en régions. Cette carte dispose de nombreuses vues : politique, terrain, économie, diplomatique, ravitaillement, et même la météo ! Immédiatement vous sautent aux yeux vos unités. Eh oui, l'aspect guerrier est beaucoup plus poussé que dans Europa Universalis...
Le deuxième élément à attirer l'oeil sur l'écran de jeu de Hearts of Iron, c'est la petite fenêtre sur la droite. Celle-ci se décompose en 5 sous-panneaux qui résument vos activités dans le jeu : la recherche scientifique, la production militaire, la politique, l'économie et finalement la diplomatie.

Chroniques de la démesure

La recherche scientifique peut se faire dans 14 domaines, allant de l'artillerie au nucléaire en passant par l'électronique et la marine. Il doit ainsi y avoir près d'un millier de technologies à rechercher parmi ces domaines ! La production militaire de son côté permet la création de nouvelles divisions/escadrilles/navires, leur remise au goût du jour ou leur réparation. Les unités deviennent au fur et à mesure disponibles suivant l'état de votre recherche technologique.
L'aspect politique du jeu est plus anecdotique et se résume à gérer votre cabinet de ministres. Son impact est néanmoins beaucoup moins anecdotique, et un cabinet soigneusement choisi pourra faire la différence sur le long terme.
L'économie est quant à elle primordiale, car elle décidera de la quantité de ressources que vous pourrez affecter à la recherche, à la production militaire, mais aussi au ravitaillement et au contentement de la population civile. Une gestion de vos convois de marchandises et un marché des ressources de base sont aussi disponibles.
Enfin, la diplomatie vous permet de gérer vos relations avec les autres nations. Oui je sais, on ne s'attendait pas du tout à ça.

Comme vous pouvez le constater, le menu est des plus copieux. Et les premières heures de jeu confirment l'impression initiale... Vous êtes rapidement assailli d'informations et tentez d'y réagir avec le plus de justesse possible. Un premier problème apparaît alors : trouver les informations. C'est une tare fréquente dans les jeux qui misent sur la richesse : l'interface est généralement digne de la complexité sous-jacente (traduisez par "on se paume dans les menus en 10 secondes chrono"). Ensuite, on applique un ordre en attendant un résultat bien précis. En général, au début, l'effet est rarement celui attendu. La richesse est bien là, mais dissimulée au fond du jeu, et rien n'indique quels sont les paramètres pris en compte. Un petit exemple : le mouvement d'une division. Ce n'est qu'après plusieurs parties qu'on comprend enfin que le calcul de ce mouvement est régi par le type d'unité, sa qualité, le type de terrain, la météo, la quantité d'infrastructure, l'appartenance de la région de destination, la date du dernier mouvement, les attaques potentielles, et j'en passe. Rien n'indique brièvement les paramètres pris en compte, et une stratégie soigneusement planifiée peut s'écrouler parce que la recherche "équipement désertique" n'a pas encore été trouvée, laissant vos homme patauger dans le sable.

"Dites-moi, général, à quoi sert ce gros bouton rouge ?"

Vous l'aurez compris, la courbe d'apprentissage est une des plus escarpées que l'on puisse trouver dans le monde des jeux vidéo actuellement. Mais s'il n'y avait eu que les joueurs pour être perdus en face de cette complexité... Malheureusement, on a assez rapidement l'impression que les développeurs ont eu beaucoup de mal à s'y retrouver eux aussi.
En effet, si le comportement de l'intelligence artificielle apparaît de prime abord intéressant, au fur et à mesure de la partie, on commence à se poser des questions sur certaines réactions... On citera notamment des troupes tombant tout droit dans des pièges grossiers, des contrées puissantes (les USA, au hasard) qui, malgré une entrée en guerre fracassante, jouent l'isolationnisme et empilent des centaines de division sur leur territoire sans porter la moindre aide à leurs alliés, des russes qui abandonnent Stalingrad (scandâââle), des escadrilles qui se planquent en plein Sahara et n'en bougent plus, sans compter des bombardiers torpilleurs qui nous font le coup de la panne au milieu de l'Atlantique Nord.
Il y a également beaucoup à redire quant à la façon dont la difficulté a été réglée... Autant vous prévenir de suite : Oubliez la France avec le scénario de 1939, seul un excellent joueur aurait une chance de tenir, et encore. En fait, il est reconnu dans le milieu des fans que l'Axe est fortement avantagé dans le jeu de base.
Enfin, il faut signaler que la version Mac a quelques lacunes graves par rapport à la version PC... Notamment, il manque un scénario (celui qui permet de commencer à jouer en 1936)! Un oubli des développeurs, qui l'ont ajouté en catastrophe <a href="http://www.vpltd.com/products.php?id=1" target="_blank">sur le site officiel</a>.

Alors tout ceci, ça fait beaucoup de défauts. Le jeu est quasi inabordable pour le joueur normalement constitué de par sa difficulté, et frustrant pour le passionné prêt à consacrer du temps à l'apprentissage.
Pour le joueur normal, on ne peut pas faire grand'chose... Par contre, les passionnés, déçus par la piètre qualité globale, se sont vite rendus compte que les formats des fichiers de données du jeu étaient faciles à modifier et se sont attelés à la tâche d'améliorer l'ensemble. En particulier, le projet C.O.R.E. ajoute énormément d'événements historiques et corrige l'IA et la difficulté globale. J'avoue avoir commencé à prendre mon pied avec ce jeu seulement après l'installation de cet mod. Je vous renvoie <a href="http://www.macgamezone.com/minitests/minitests22.php" target="_blank">au mini-test que je lui ai consacré</a> pour plus de détails.

Conclusion

Au final, nous nous retrouvons face à un jeu à l'ambition initiale démesurée, tellement démesurée qu'il en paraît inachevé, peu poli... En un mot, frustrant. On souhaiterait une intelligence artificielle efficace, une interface graphique utilisateur bien pensée (c'est très loin d'être le cas), et puis tant qu'à faire, quelques artifices graphiques un peu plus poussés que la batterie de sprites misérables servis par Hearts of Iron. De plus, l'impression d'un portage Mac effectué à la va-comme-je-te-pousse s'installe... Le fait que le jeu utilise à bloc les processeurs, quelle que soit leur puissance, n'arrange rien à cette impression.
Heureusement, la version PC a déjà drainé une communauté de passionnés qui s'est attelée à l'amélioration de l'usine à gaz. A côté de C.O.R.E. cité plus haut, de nombreux autres mods sont disponibles sur le net. Il est simplement regrettable de constater que ce sont les utilisateurs qui ont dû se charger d'achever le travail des développeurs de Paradox.