[17/05/2004 - Shralldam]
Qu'est-ce qui n'a pas de jambes ni de bras, mais qui réussit à avancer tout de même ? Perdu, ce n'est pas un chien sans pattes (c'est nul, je sais), c'est Rayman, qui par un phénomène dont j'ai du mal à saisir la nature, parvient à posséder des mains et des pieds sans connexion avec son corps. Créé par Michel Ancel, un français (monégasque de naissance), ce personnage a connu les honneurs de nombreuses versions déclinées sur console et PC, sans jamais atteindre le Mac... Mieux vaut tard que jamais, voici donc enfin le troisième volet des aventures du petit énergumène bondissant sur nos machines, porté par Zonic et édité par Feral Interactive...
Le méchant s'appelle André
Avouons-le : je jeu de plate-forme est une denrée plutôt rare sur Mac, mieux représentée par le shareware que par le logiciel commercial. C'est donc avec un bonheur relatif que l'on accueille ce Rayman 3, où l'on retrouve de bons vieux concepts tels que sauter sur les méchants/ramasser des bonus/courir dans tous les coins, le tout en 3D.
Dès le lancement d'une nouvelle partie, le décor est planté par une séquence d'introduction : tandis que tout semble paisible, un lums noir répondant au nom très effrayant de André (une sorte de mouche hirsute), se projette sur tous les lums rouge (des petits halos gentils qui vous redonnent de la vie) pour les transformer en hoodlums. Se multipliant très vite, André arrive avec son armada de mouchettes et se met à attaquer un peu tout le monde... En effet, les hoodlums peuvent s'agglutiner les uns aux autres pour former une structure plus complexe, en l'occurence des pseudo-bipèdes au look résolument sac-à-patates. Murphy, un ami de Rayman, est témoin de toute la scène et s'empresse de prévenir ses amis, mais ces derniers font calmement la sieste...
Un des premiers points forts de Rayman 3, c'est son humour assez loufoque voire parfois débile, qui plaira certainement aux plus petits mais ravira aussi les plus grands, car nombres de répliques contiennent un second degré savoureux, voire à certaines occasions un peu tendancieux. Murphy, le copain volant de Rayman, vous accompagne tout au début pour vous familiariser aux commandes, et ponctue nombreuses de vos actions par des commentaires style présentateur TV hilarants. N'oubliez pas de frapper une ou deux tortues pendant ces phases d'entraînement, ça vaut le coup ! Aussi, très tôt dans le jeu, André se fait avaler par accident par Globox, le meilleur ami de Rayman, un grand couillon pas très futé aux allures de grenouille géante. Autrement dit, comme Globox accompagne Rayman pendant une grande partie du jeu, on peut entendre très régulièrement le méchant (c'est André) faire des commentaires depuis son ventre (à Globox), souvent pour se moquer de Rayman avec des feintes à deux balles. Comptez même sur les personnages pour sortir quelques références cinématographiques poilantes. Dans Blacklumsa, le QG des Lums Noirs, une standardiste à la voix suave annonce la température ambiante, les dernières nouvelles, et au passage, l'atterrissage du Capitaine Flam dans le hangar. Mais tout ceci ne serait rien sans un excellent casting voix : en effet, produit franco-français oblige, les acteurs ont été extrêmement bien choisis et les voix sont très convaincantes. Par contre, un gros point noir vient entacher cette quasi-perfection : la qualité du son des voix est tout simplement inacceptable ! On dirait du 8 bits (et encore), ce qui fait que les dialogues "crachottent" souvent... Très bizarre, quand on sait que ce défaut n'est pas présent sur les versions console de ce jeu (votre serviteur l'a aussi testé sur une GameCube)... D'accord, le jeu est multilingue, mais tenant sur 3 CDs, un effort aurait pu être fait à cet égard...
C'est bô !
Rayman 3 offre un univers graphique très chatoyant, aux formes très cartoon. Même si on n'est pas du tout dans un registre plus réaliste tel que celui de Unreal Tournament 2004, c'est la grande cohérence de son univers et le choix des couleurs et des textures qui permet de dire que Rayman 3 est vraiment très beau graphiquement. Le jeu vous emmène bien évidemment dans des mondes très différents, tels que les landes ou encore à l'intérieur d'un volcan, mais tous partagent cette même "touche" qui les relie. Un univers non violent, sans aucun liquide de couleur quelconque qui gicle lors d'une blessure... Donc les enfants sont un public tout à fait adapté (les parents aussi, s'ils veulent). Tout y est pris avec légèreté.
Côté exigences système, c'est couci-couça. Le jeu se comporte en général très bien et reste fluide même sur des systèmes avec des cartes moins performantes (genre les GeForce MX 4), sauf à certains passages où le détail augmente d'un coup, et là on sent quelques saccades, parfois un peu sévères... Mais rien d'injouable. Toutefois, quelques petits détails n'ont apparemment pas fait leur chemin jusqu'à la version Mac, par exemple un effet pluie assez réussi... Que l'on retrouve sur console.
Les vidéos entre certains niveaux sont d'une qualité correcte, mais on pourrait mieux faire... En effet, c'est du MPEG-4 compressé en 320x240, avec un débit plutôt faible, ce qui fait qu'en plein écran, on obtient des artefacts qui trahissent quelque peu leur basse résolution. Bon, là je chipote un peu, c'est vrai, mais vu les capacités des machines actuelles, une vidéo en 640x480 aurait été un meilleur choix, quoique cela dépende aussi des fichiers source obtenus lors du portage.
Yé, disco-fever man!
La musique est très présente dans Rayman 3, et en règle générale, se fond très bien dans l'ambiance. Par ailleurs, le voyage entre mondes se fait par des niveaux spéciaux, où Rayman surfe sur une rockette et doit bondir sur des rampes lumineuses sans tomber. La musique y est très disco et amusante. D'autre part, si vous tombez, Globox (qui est suspendu à un hélicoptère) vous récupère et vous remet en piste, tout en faisant des commentaires du genre "Elle est chouette la musique, hein !" ou "Tu sais ce que c'est comme CD ?"... Encore une preuve du ton décalé omniprésent dans le jeu.
El gameplay
Rayman peut effectuer plusieurs actions, les principales étant sauter et frapper avec ses poings dans diverses directions ; la plupart du temps, les ennemis se déplacent tout autour de vous, la seule solution est alors de les verrouiller pour pouvoir les puncher plus facilement. Vous disposez aussi d'une vue subjective avec zoom, de la roulade et de la grimace (pouvoir que vous obtiendrez plus tard) ; si vous devez tomber en douceur, il suffit de maintenir le saut et Rayman fera de l'hélicoptère avec ses cheveux. Donc, au niveau commandes, on n'est pas trop dépassé. Toutefois, il faut avouer que certains passages du jeu rendent carrément fou. Personnellement, je peste très vite contre tous ces jeux qui exigent de vous une dextérité exemplaire au gamepad (indispensable pour ce jeu, au clavier c'est pire)... Il y a tout de même des moments où on se dit que c'est limite agréable, tant l'adresse requise en peu de temps vous met sur les nerfs, par exemple lors de la rencontre de certains boss (surtout le boss de fin, une véritable abomination qu'il faut vaincre à 3 reprises - quand y'en a plus, y'en a encore)... Alors, anti-jeu ou pas ? Pour être objectif, néanmoins, il est vrai qu'un jeu doit aussi présenter des défis et ce principe ne peut que provoquer quelques frustrations de temps à autre, ne soyons pas chien. Mais bon, après je m'étonne plus que certains jeunes donnent l'impression d'avoir un gamepad greffé à la main... :-P
En parlant des gamepads, sachez que si le retour de force est intégré au jeu, il ne fonctionne pas complètement pour le moment... Feral a promis de sortir une mise à jour avec un support plus large des pads à retour de force... L'iShock II qui a servi pour ce test a donc refusé de vibrer pendant tout le jeu, espérons que ce n'est que temporaire.
C'est des bonuuuuus, il faut que tu les prennes...
Dans les jeux, on gagne des points, c'est normal. Mais ici, le taux de réussite d'un niveau donne droit à des petites surprises... Notamment, des niveaux bonus indépendants de la trame du jeu, mais aussi des séquences rigolotes de vidéos explicatives pour hoodlums, démontrant en plusieurs leçons les différentes manières de se débarrasser de Rayman. Ces niveaux bonus ont un intérêt moyen : certes, ils prolongent le jeu en quelque sorte, mais l'action est en général très répétitive, et le gameplay pas toujours reluisant... On compte notamment un jeu de tennis façon hoodlums, un écrabouille-grenouille, un "stopper l'invasion" (il faut bombarder des knaarens pour les empêcher d'attaquer la tour où vous êtes), une version de Rayman en 2D (mais avec des sprites 3D)... C'est amusant, mais sans plus.
Durant le jeu, il faut aussi libérer des "ptizêtres" (dixit Globox) enfermés dans des cages par les hoodlums. Une fois que vous l'avez fait, ces derniers vous remercient (non sans humour) en vous laissant différents types de capsules, qui fournissent à Rayman un pouvoir temporaire : cyclotorgnole (poing tornade), pulvéropoing (un poing d'acier), grappinoroc (vous avez des grappins à la place des bras), roquetpunch (tu veux le voir mon gros missile ?) et épicoptère (un casque-hélico). Après 6 libérations, la jauge de vie augmente, rendant forcément Rayman plus résistant. Néanmoins, les ptizêtres ne sont pas la seule source de capsules et vous en trouverez régulièrement sur votre chemin, selon la nécessité.
Conclusion
Rayman 3 est vraiment un très bon jeu de plate-formes. L'humour y est omniprésent, les univers sont colorés et amusants, la bande-son désopilante (malgré les voix en 8-bits)... Tout ce qu'il faut pour faire un titre de qualité qui touchera un large public. Il procure beaucoup de plaisir de jeu, malgré certains passages vraiment ardus (mais tous les jeux sont un peu comme ça)... Sachant que Rayman 4 est en préparation chez Ubi Soft, on ne peut qu'espérer que ce prochain opus aura également une déclinaison Mac... Cela dépend un peu de vous et des ventes de Rayman 3 ! ;-)