Toute l'actualité des jeux pour Mac !
75
Technique
83
Design
92
Interet
  • Baldur's Gate
  • éditeur : Bioware
  • distributeur : Apacabar
  • type de jeu : Jeu de rôle
  • configuration : PowerMac G3, 96 Mo de RAM, 500 Mo de disque dur, beaucoup de patience
  • version de test : Version Française
  • les +/- :
    + rhaaaa que c'est bon
    + l'adaptation des règles d'AD&D
    + le gigantisme à tous les niveaux
    + l'histoire
    + les vaches
    - faut aimer redémarrer sa machine toutes les 5 minutes
    - et aussi attendre des heures que les parties se chargent
    - pas (encore) de multijoueur
  • fiche de screenshots : Disponible

[16/03/2004 - ]

“Mon nom est Black Berue. J’habite, enfin j’habitais, la citadelle de Château-Suif dans laquelle j’ai passé toute mon enfance. Cependant je suis à peine entrée dans l’âge adulte. Pour l’instant je suis cachée dans un buisson, j’ai froid, mais j’ai surtout peur.
Hier matin, mon beau-père, Gorion, est entré en coup de vent dans ma chambre alors que je finissais de réviser une formule pour l’examen du lendemain. “Préparez-vous au plus vite mon enfant, il nous faut partir, je ne puis vous expliquer pourquoi pour l’instant, dépêchez-vous!”. J’ai toujours eu une confiance totale en Gorion, car c’est lui qui m’a élevée. Cependant ce départ soudain m’a surprise. Moi qui n’était jamais sortie de Château-Suif, la citadelle possèdant la plus grande bibliothèque de toute la Côte des Epées!
Nous somme partis vers le soir, Gorion et moi. Au milieu de la nuit nous fûmes attaqués! Je crus d’abord qu’il s’agissait de simples bandits, et j’avais confiance en les connaissances magiques de Gorion pour nous protéger. Mais alors j’entendis l’un de nos agresseurs dire à Gorion “Donnez-nous l’enfant, vieillard, et il ne vous sera fait aucun mal”, puis Gorion de me crier: “Fuyez, je vous couvre!” Je n’ai pas vraiment réfléchi, j’ai couru à toutes jambes, je me suis cachée dans ce fourré, et maintenant j’attends l’aube. Nul doute que mon beau-père a été tué. Je ne peux pas revenir à Château-Suif, et je n’ai aucune expérience du monde extérieur.
Et en plus il commence à pleuvoir...”
“Mon nom est Bruno Dumas. Occasionnellement je teste des jeux Mac pour le webzine MacGameZone, il est minuit un jour de fin octobre, voilà l’état dans lequel se trouve mon avatar dans Baldur’s Gate, dont je viens juste de passer le tutorial. Quant à moi, je suis heureux. Béat, même. Et je ne sais même pas encore que le brave petit jeu qu’est Baldur’s Gate va me bouffer en toute innocence une bonne centaine d’heures de ma vie...”

Baldur le miraculé

Assez paradoxalement, le Mac a toujours eu une scène “jeux de rôles sharewares” très développée, alors que les JDR commerciaux boudaient royalement notre plate-forme. Nombre de très bons jeux, comme Daggerfall, Fallout II ou encore la série des Might & Magic ou des Ultima nous sont ainsi passés sous le nez. On a d’ailleurs bien cru qu’il en serait de même avec Baldur’s Gate, jeu qui a fait l’effet d’un petit coup de tonnerre dans le monde des JDR sur ordinateur lors de sa sortie sur PC. Heureusement, Graphic Simulations (http://www.graphsim.com), à qui on doit notamment la série des F/A-18 Hornet ou le portage de Descent 3, a pris le développement de ce jeu en main.

Un “grand” jeu

Après avoir lu mon intro, je pense que vous vous en doutez: Baldur’s Gate est un jeu très grand, voire même gigantesque. Il tient sur pas moins de 5CD, chacun prenant en charge une zone bien précise du monde de Baldur’s Gate.
Parlons-en de ce monde justement: Bioware a acquis en toute simplicité la licence officielle AD&D (Advanced Dungeons & Dragons), bref LA référence en matière de jeu de rôle dans un univers d’heroic-fantasy. Le monde est donc celui des Royaumes Oubliés (The Forgotten Realms), plus particulièrement, le jeu se déroule sur le continent de Féérune, sur la côte des Epées, le genre de brave petite contrée regorgeant de bandits, d’hobgobelins, d’ogres et de bestioles diverses... Bref le coin rêvé pour un tout nouvel aventurier (-ère) avide de sensations et de combats.
Lors d’une nouvelle partie, le jeu commence par vous demander de créer votre personnage; ce sera d’ailleurs le seul perso que vous aurez à créer. En effet, si vous dirigerez par la suite une bande de six aventuriers, les cinq autres seront des NPC (Non-playing characters – personnages non-joueurs) rencontrés au gré de vos pérégrinations. Ces NPC se joindront à vous après que vous aurez rempli une quête, s’ils pensent que vous pouvez les aider à accomplir un objectif précis, ou simplement parce que vous leur plaisez...
De toute votre bande, votre avatar est bien entendu le personnage le plus important. C’est autour de lui que l’intrigue s’articule, c’est à lui que s’adresseront les personnages les plus importants de l’histoire, c’est en un sens par ses yeux que vous suivez l’histoire (puisque chaque quête est consignée dans un journal tenu par votre avatar et dans lequel il/elle ne se prive pas de noter des remarques personnelles). De plus, si votre avatar meurt, le jeu est fini. Il n’en est pas de même s’il s’agit d’un autre membre de l’équipe...

J’veux un rémouleur niveau 8!

Je ne m’étendrai pas longtemps ici sur la création du personnage proprement dite (du moins pas autant que dans la partie de mon dossier qui traite de ce sujet...). Sachez simplement que, licence AD&D oblige, c’est du classique, du très classique, de l’archi-classique. On choisit son sexe, puis une race (choix entre humain, nain, elfe, gnome, petites personne ou demi-elfe), puis sa classe. Les différentes classes présentes dans le jeu sont divisées en quatre groupes:
– les combattants: guerrier, ranger (rôdeur), paladin
– les prêtres: clercs, druides
– les roublards: voleurs, bardes
– les magiciens: mages
Bref, 8 classes assez habituelles mais tout à fait suffisantes pour bien jouer. A noter que les personnages multiclassés ou à classes multiples sont autorisés, et que les mages peuvent se spécialiser dans une école de magie particulière (le jeu en compte 8).
Ensuite, Baldur’s Gate vous demande de passer à la phase la plus cruciale de la création d’un perso: la distribution des points de compétence. Les compétences sont la force, la dextérité, la constitution, l’intelligence, la sagesse et le charisme.
Après cette phase à ne surtout pas négliger vient le choix des compétences secondaires (type d’arme favori, classe ennemie, sorts, etc.), le choix de la couleur de la peau et des poils, et le choix de la couleur des vêtements. A noter que le jeu permet de redéfinir ces couleurs en pleine partie... C’est un détail mais c’est rigolo d’essayer une robe rose fuchsia pour son mage en pleine baston...

Une interface au poil

Après la création du personnage, Baldur’s Gate vous introduit l’histoire, puis vous laisse dans le jeu. L’interface est à ce propos bien conçue, et le jeu peut se jouer uniquement à la souris. Néanmoins cette interface a un gros défaut: elle envahit littéralement la fenêtre. Pour peu qu’on augmente encore la fenêtre des messages (ce qu’on ne manquera pas de faire si on veut suivre un tant soit peu ce qui se passe), la fenêtre de jeu se retrouve réduite à sa plus simple expression, ce d’autant plus que la seule résolution acceptée par le jeu est le 640x480.
Pour le reste, le joueur dispose de la liste de ses personnages, peut leur donner différentes formations, peut changer l’ordre dans lequel ils se placent, et chaque personnage dispose d’une feuille de compétences consultable à tout moment, ainsi que d’une fenêtre d’inventaire fort bien faite. Ajoutez à cela une carte automatique et le journal, plus une liste d’armes, d’objets, de sorts et de compétences rapides en bas de la fenêtre, et vous obtenez une interface certes envahissante, mais très complète.
Pour le reste, comme je l’ai dit, le jeu se joue principalement à la souris. On clique à un emplacement, vos personnages s’y déplacent. On clique sur une porte, vos personnages tentent de l’ouvrir. On clique sur un passant, le leader de votre équipe entame la discussion. On clique sur un ennemi, les baffes volent. Plus intuitif que ça, on peut pas... Du reste, le jeu vous propose un excellent tutorial, qui permet en plus d’engranger quelques points d’expérience à moindre frais, avant de s’engager dans l’histoire proprement dite.

Dis Papy Bioware, tu me racontes une histoire?

Le début de l’histoire, vous l’avez en résumé au tout début de mon test: en tentant de partir de Château-Suif avec votre tuteur, celui-ci est tué, et vous, vous réussissez à vous échapper de justesse. Au petit matin, vous vous retrouvez comme une andouille dans votre buisson, à vous demander ce que vous allez bien pouvoir faire... Je ne vais pas dévoiler l’intrigue, sachez que vous allez simplement comme d’habitude sauver le monde (enfin seulement la Côte des Epées) des délires mégalomaniaques de certaines personnes... Et au passage vous en apprendrez un peu plus sur vos origines.
Baldur’s Gate vous laisse assez libre de crapahuter où bon vous semble, même si la trame principale se rappelle à votre bon souvenir de temps en temps... Ce n’est que vers la fin du jeu que les choses se précipitent. Un regret à ce propos: Même s’il existe souvent plusieurs moyens pour résoudre une quête ou l’autre, l’histoire principale est terriblement linéaire et ne prend pas en compte des détails comme l’alignement de votre personnage (je vois mal un personnage d’alignement chaotique mauvais désirer sauver le monde, juste comme ça, pour le fun...). Il est vrai que, vu la profondeur de l’histoire, c’est pardonnable... Et puis le jeu comporte des dizaines et des dizaines de quêtes secondaires, allant de la libération d’une frêle jeune fille violentée par des gnolls malotrus et un brin carnivores, à la guérison d’une pauvre vache souffrant d’hémorroïdes.

Considérations esthétiques

Baldur’s Gate est un jeu plutôt ancien, inutile de le cacher. Cependant son graphisme fait honneur au Bioware Infinity Engine (développé initialement pour Fallout). Bien entendu, c’est de la 2D et des petits sprites qui se promènent de ci de là. N’empêche, qu’est-ce que c’est mignon...
Tout d’abord, la Côte des Epées est une région tempérée, très verdoyante. On se promène dans des sous-bois, on croise des écureuils, parfois des ours, on arrive soudain près d’une chute d’eau ou d’un petit ruisseau, les villes sont magnifiques, et on tombe souvent sur des endroits que les graphistes ont tout particulièrement soignés.
Tout ce qu’on peut regretter, c’est que l’affichage ne soit qu’en 640x480...
Les effets des sorts sont quant à eux assez réussis, même si ça reste des sprites en 2D. On apprécie quand même de voir les mages préparer leurs incantations avec une boule lumineuse dans les mains, puis le sortilège partir inéluctablement sur sa cible.

Epée G3 “tueuse du Pentium” + 2

Pour le reste de la technique, rien de bien extraordinaire à noter... Graphic Simulations conseille un G3 au minimum pour profiter du jeu. Je confirme d’ailleurs que n’importe quel G3 offre une puissance suffisante. Par contre, et ça c’est un conseil d’ami, prévoyez beaucoup de RAM! Le jeu en réclame 64 Mo de libres... J’ai testé ce jeu sur iBook avec 64Mo de RAM, + 30 Mo sur mémoire virtuelle. Injouable. BG supporte très mal la mémoire virtuelle. D’où mon conseil: ayez 96 Mo de RAM physique. En ce qui concerne la place sur le disque dur, Baldur s’installe confortablement sur 300 Mo de disque. Néanmoins, là aussi, je conseille fortement d’avoir 200 Mo supplémentaires en réserve: en effet, le jeu possède un dossier “Cache” sur lequel il inscrit les fichiers qu’il a récemment utilisés et certains jours, ce dossier Cache dépassait joyeusement les 150 Mo...

Les défauts

Maintenant, on va commencer à dire du mal. Tout d’abord, et ça toutes les personnes qui ont joué à Baldur’s Gate Mac le confirment, ce jeu est une mine à bugs de haute catégorie. J’ai renoncé à compter les plantages au bout d’un moment... Sachez simplement que si le jeu possède une sauvegarde automatique et qu’il propose une touche de sauvegarde rapide en plus de la sauvegarde classique, ce n’est pas par hasard. Préparez-vous au pire, simplement. Pour donner un ordre d’idées, vous entrez dans une maison, crash! Vous voulez sauvegardez, crash! Vous équipez l’un de vos hommes avec un casque, recrash! Totalement aléatoires, les crashs peuvent vous laisser une paix royale pendant 3 heures, puis se succéder toutes les 10 minutes... Et je ne compte pas les “petits” bugs, du style problèmes dans les dialogues, descriptions qui n’apparaissent pas, et les CD dont le gravage laisse à désirer, à tel point que j’ai dû copier le 5e CD sur mon disque dur pour pouvoir jouer! Je conseille à ce propos aux plus parvenus d’entre vous de copier les 5 CDs sur leur disque dur 40Go s’ils veulent jouer dans les meilleures conditions.
Un dernier conseil, patchez. La mise à jour du jeu corrige BEAUCOUP de problèmes (pas tous, ne rêvons pas).
Egalement, plus le jeu avance, plus les chargements ont tendance à s’éterniser. Enervant.
Enfin, toujours dans la rubrique “coup de gueule”, citons le mode multijoueur qui, 3 mois après la sortie du jeu, n’est toujours pas disponible... Youhou Graphic Sim? Faudrait peut-être voir à vous bouger les fesses, on va finir par croire que vous nous avez oubliés...
(note ultérieure : finalement une mise à jour ajoutant le jeu en réseau a fini par sortir... un an après le jeu).

Conclusion

Alors qu’en est-il de ce jeu culte, sorti sur Mac un an après sa sortie PC, et presque simultanément que la sortie PC de sa suite, Baldur’s Gate II (suite dont la version Mac est déjà prévue, cf. notre preview)?
Première chose, pour un amateur de jeux de rôle, ce jeu est du bonheur en barre. Intuitif, complet, avec un environnement en béton, le seul détail qui fera piailler le rôliste est la limitation de l’expérience à 89’000 points d’XP.
Pour les autres, je suis beaucoup plus dubitatif. Le jeu est moyennement accessible à un non-rôliste, il faut pas mal de patience pour arriver à une bande suffisamment bien entraînée pour arrêter de se battre contre des rats et des poules enragées, sans compter le fait que les chargements et les plantages dus aux bugs achèveront de faire hurler le joueur lambda. Le rôliste acharné, lui, passera outre ces petits désagréments pour se donner corps et âme au plus beau jeu de rôle qu’on ait vu sur Mac depuis Fallout.