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Technique
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Design
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Interet
  • Paris 1313
  • éditeur : Gaumont Multimedia
  • distributeur : VU Games
  • type de jeu : Ludo-éducatif
  • configuration : G3, lecteur CD rapide (minimum 12x), 64 Mo de RAM, 140 Mo de disque dur
  • version de test : Version Française
  • les +/- :
    + Très bien documenté
    + Histoire bien foutue
    + Graphiquement superbe
    - Linéaire, mais linéaire... – Programmé à la truelle – Prévoyez beaucoup de calmants
  • fiche de screenshots : Disponible

[16/03/2004 - ]

Après s’être joyeusement désentripaillé pendant deux mois à grands coups de Quake 3 et d’Unreal Tournament, il est temps pour les joueurs que nous sommes de revenir à la civilisation en montrant que les jeux vidéos ne servent pas seulement à amener les joueurs à organiser des massacres dans les écoles...
En clair, les ludo-éducatifs sont de retour, conduits par Gaumont Multimédia et la Réunion des Musées Nationaux. On va être tout de suite francs: Paris 1313 s’adresse visiblement au grand public, et non pas au joueur forcené. Attention, “grand public” ne signifie pas forcément “chiant comme la mort”.... Attendez-vous simplement à un produit dont le principe est d’un classicisme absolu...

L’histoire

Paris, 1313 (c’est pas seulement le titre, c’est aussi le décor). Philippe le Bel, roi de cette époque, après avoir fortement diminué l’influence de la religion chrétienne dans son royaume, décide de faire concurrence aux clochers des églises en ordonnant la conception d’une horloge entièrement mécanique. Mais certains membres de la Cour ne voient pas cela d’un très bon oeil, et des complots vont se créer.
L’artisan chargé de réaliser l’engin fait une chute mortelle depuis une des tours de Notre-Dame. Et la question se pose rapidement: est-ce que cette chute était vraiment accidentelle? ou certaines personnes auraient-elles eu intérêt à ce que l’horloge ne soit jamais réalisée?
Dans ce jeu, vous allez prendre en main la destinée de trois personnages: Tout d’abord Pierre de Cinq-Ormes, un jeune écuyer, assez naïf, neveu de Guillaume de Nogaret, l’un des principaux conseillers du Roi de France. Cet écuyer va se retrouver mêlé à cette histoire d’abord à cause de son oncle, et ensuite à cause d’Agnès, une des suivantes de la Reine, pour l’amour de laquelle il est capable de toutes les stupidités possibles et imaginables...
Le deuxième personnage est Jacques, le frère d’Adam, l’artisan qui a chuté de Notre-Dame. Jacques va se trouver mêlé aux intrigues de la Cour, et décidera rapidement de mener sa propre enquête.
Enfin, le dernier personnage s’appelle Rosemonde. il s’agit d’une comédienne de la rue, qui donnait un petit spectacle sur le parvis de notre-Dame au moment où l’artisan chuta. De plus, Rosemonde est la petite amie de Jacques, et va intéresser un inquisiteur de la Cour, le frère Jean de Lausanne (oui, les Suisses sont mal vus dans ce jeu...).

Le principe du jeu

Le jeu est conçu comme un livre dont on lirait les chapitres au fur et à mesure. Il y a neuf chapitres en tout, et chaque chapitre comprend un épisode pour chacun des trois personnages; ça nous fait donc 27 épisodes à résoudre. Les épisodes sont composés d’énigmes de tous types: réflexion, dialogues, mais aussi rapidité ou dextérité. Pour pouvoir passer au chapitre suivant, il faut au moins avoir résolu l’épisode de deux des trois personnages (du moins dans les premiers chapitres), mais il est vivement conseillé d’avoir passé les trois...

Des points positifs...

Tout d’abord, deux mots sur l’histoire: elle est bien imaginée, les épisodes se suivent de façon construite, et l’idée d’assister les actions de trois personnages – plus ou moins – liés est bien trouvée: cela permet parfois de donner des indices lorsqu’on joue avec les différents personnages d’un même chapitre.... Mais il ne faut pas toujours s’y fier.
Le graphisme est superbe. Même si techniquement ce n’est pas à la pointe (ce sont de simples sprites incrustés sur une scène précalculée), ils bougent de très belle façon, même si leurs mouvements sont souvent peu naturels; la faute à la modélisation 100% 3D... Les décors sont excellents, à la fois beaux et réalistes; mention spéciale à la salle du trône et à la façade de Notre-Dame, superbes avec leurs peintures et leurs tentures.
Enfin, J’ai trouvé la difficulté assez bien dosée. Les épisodes se laissent faire au début, pour devenir de plus en plus résistants... Reste à voir si le jeu n’est pas un petit peu trop dur pour quelqu’un de vraiment “grand public” n’ayant à peu près jamais joué à des jeux vidéos auparavant.

... et maintenant, critiquons

Première critique: vous l’avez sans doute deviné, le jeu est d’une linéarité assommante... Aucun chemin détourné, aucune alternative, le bon vieux principe du “fais ça sinon tu n’avances pas”, on se retrouve propulsé quatre ans en arrière en matière de gameplay.
Parlons à présent des énigmes. Même si on sent la volonté des développeurs d’imaginer quelque chose de neuf, certaines passent assez mal... C’est sympa de chercher pendant une heure le cheminement exact qui permet d’obtenir le bon dialogue, ou de chercher pendant une autre heure pourquoi on ne réussit jamais tel épisode, avant de se rendre compte qu’il fallait commencer par faire telle action et non pas telle autre, mais bon... au 20e essai, ça s’apparente plus à de la lobotomisation... on a alors la soudaine envie d’envoyer une chaise dans son écran, et seule la présence d’UT sur son disque dur permet de libérer ses nerfs... Toutes les énigmes ne sont heureusement pas du genre, et certaines d’entre elles offrent même des petits jeux de détente (il faudra quand même réfléchir; on n’avait pas encore Quake 3 à l’époque).
Enfin, dernier défaut, et pas des moindres, le jeu a une durée de vie assez misérable... les épisodes résistent en général difficilement à l’expérience d’un bon joueur, et chacun de ces épisodes ne dure guère plus de 5-10 minutes lorsqu’on a trouvé le cheminement. Les seuls éléments rallongeant cette durée de vie sont le fait de devoir repasser 20 fois le même épisode pour pouvoir trouver le bon cheminement, et la contrainte de ne pas pouvoir sauver au milieu d’un épisode.

La question de la...

Technique. Et là, c’est douloureux: configuration recommandée par les développeurs: PowerPC à 120 Mhz. Bon. Pour un jeu d’aventure, c’est honnête. Le problème, c’est qu’en fait, sur un G3 à 266 Mhz, CA RAME! Oui, vous avez bien lu, le bête affichage de deux sprites sur une image précalculée avec une petite musiquette en fond fait ramer un G3... En clair, les mouvements se retrouvent saccadés, on a droit à des accès disque d’une dizaine de secondes, et la musique et les dialogues se retrouvent eux aussi saccadés... Voilà qui explique la présence d’une option “afficher les sous-titres”, malgré des dialogues très clairs et bien français. Soit les développeurs ont laissé tomber des morceaux de pizza dans leur code source, soit on en est resté à la programmation sur ATARI ST chez Gaumont Multimédia...
De plus, autant que vous soyez prévenus, malgré une partition mémoire doublée, j’ai expérimenté pas mal de crashs, dont peu avaient une explication raisonnable.

Mais on apprend plein de trucs

En fait, comme trop souvent avec les jeux ludo-éducatifs, c’est l’aspect “éducatif” qui vient sauver les meubles. Le jeu dispose ainsi d’une encyclopédie traitant du XIVe siècle assez volumineuse, et dans laquelle il est plutôt agréable de se promener. On regrettera cependant le peu d’interactivité de l’encyclopédie proprement dite et les quelques bugs qui y traînent.
Le sérieux des documents est à ce propos difficile à mettre en doute, puisque ce jeu a été conçu en coopération avec la Réunion des Musées Nationaux.
Enfin, à signaler une carte de la ville de Paris en l’an 1313, accessible à tous moments. Dommage qu’il n’y ait à peu près aucun de lien direct entre cette carte et le jeu (à part la signalisation des lieux dans lesquels l’enquête se déroule).

Conclusion

Paris 1313 est-il un bon jeu? Eh bien, si on ne le regarde que du strict point de vue ludique, le résultat n’est pas extraordinaire. La technique déficiente et une linéarité à hurler sont à peine rattrapés par un scénario bien construit et un superbe graphisme... non, ce qui repêche le jeu, comme dit plus haut, c’est l’aspect historico-éducatif. Les amateurs de l’époque seront aux anges, ainsi peut-être que les amateurs d’enquête. Peut-être aussi que les Parisiens seront intéressés de voir à quoi ressemblait “leur” ville il y a quelques 700 ans. Quant à ceux qui n’aiment pas se prendre la tête, je n’ai qu’un mot à leur dire: fuyez.