Dans ce jeu aux allures familiales, se trouve un concept simple, enfantin même, mais qui ouvre la voix à une profondeur de jeu incroyable s'il est bien creusé. L'idée étant de façonner votre créature, la modeler, lui adjoindre des pattes, des griffes, des yeux. Autant que vous voulez, à n'importe quel endroit. Puis ajoutez des plumes, des écailles, des tâches dans le cou. Jouez à Dieu. Tout simplement.



Cette étape de création n'est qu'un préambule. Bien que le jeu complet ne soit pas sorti, vous pouvez déjà vous amuser à créer votre monstre à l'aide du l'Atelier des créatures, disponible au téléchargement depuis une quinzaine de jours à cette adresse. Et depuis sa mise en ligne, c'est un carton plein. Pour bien vous rendre compte de l'ampleur du phénomène (comme tout jeu qui demande un peu de créativité, je pense notamment à Line Rider), il y a plus de 1,5 millions de créatures qui ont été enregistrées sur le site depuis la mise à disposition de l'Atelier. Sachant que la plupart des créatures ne doivent pas être enregistrées, on ne peut qu'imaginer le nombre de personnes qui ont fait joujou en à peine quinze jours. Il suffit de taper Spore sur Youtube pour tomber sur des milliers de vidéos de fan et se rendre compte des possibilités.

Mais Spore, ce n'est pas qu'un éditeur pour créer des bêtes. C'est aussi et surtout, un jeu de stratégie. Car lorsque vous avez fini d'arranger votre espèce, il faut la jouer. Dans le jeu complet, vous partirez ainsi du stade de cellule primaire, avant d'évoluer vers celui de créature errante, puis de tribu organisée, jusqu'à ce que votre espèce atteigne la civilisation, avec ses bâtiments, sa hiérarchie, et sa planète, pour finalement conquérir les galaxies voisines et assurer sa suprématie dans l'espace entier.

Un principe allécheur mais complexe. Comment gérer l'évolution d'un stade à l'autre de l'espèce ? Comment gérer les ennemis, les créatures innocentes, la chaîne alimentaire ? Quel place aura le online ? Les promesses du jeu sont tellement démesurées qu'elles font penser à celle de Peter Molyneux avec ses célèbres licenses comme Fable, the Movies, Populous ou Black & White. Des concepts intéressants et finalement sous-exploités lorsque la réalité technique rattrape l'imagination débordante de ces créateurs d'exception.

Néanmoins l'équipe de Will Wright semble tenir ses promesses. A en croire l'Atelier des créatures, le moteur est capable de texturer et d'animer impeccablement la quasi totalité des créatures, qu'elles soient bipèdes ou qu'elles marchent à cinq pattes, qu'elles soient dotées de huit yeux ou qu'elles aient une tête située sous le ventre ou la mâchoire au bout des bras. Les possibilités sont riches, et certains s'en amusent et en abusent.



Quoiqu'il en soit, la prouesse technique est énorme et le plaisir est là. On rigole, on s'amuse à comparer ses créatures avec ses proches, on teste, on expérimente, on découvre les premiers pas de notre créature improbable d'un ?il émerveillé par tant de fraîcheur et de créativité. Il y a vraiment matière à avoir un grand jeu.

Je résume.
Faites un tour sur le site officiel, téléchargez l'Atelier des créatures (qui n'offre que 25% des possibilités)(et qui ne fonctionne que sous Mac Intel, portage Cider oblige). Amusez-vous, faites un tour des possibilités, créez des gifs de votre monstre, faites essayer à vos potes, votre copine, votre famille. Ca vous plaît ? Vous souhaitez aller plus loin ? Vous pouvez acheter l'atelier complet qui vous donnera accès à l'intégralité des éléments pour créer l'espèce de vos rêves. Et il sera déduit du jeu final lorsque vous l'achèterez, donc pas d'arnaque.

Maintenant, il ne reste plus qu'une chose à faire. Attendre le jeu complet, et voir si Will Wright a réussi son pari : créer un jeu riche, prenant, varié, et intéressant à jouer en dehors de la création de son espèce. Si tout se tient, il se pourrait qu'on tienne là un jeu comme on en a pas vu depuis des années.